Le Coran, tu t'abreuveras !

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Est-il un imposteur ?a

 

 

C'est en le connaissant mieux, en tenant compte de ses déclarations et de son comportement depuis la première révélation que nous pourrons affiner notre opinion à son égard.







Interrogations sur Al-Amin

Al-Amin : surnom du Prophète avant la révélation qui signifie : honnête, digne de confiance, sûr, fidèle...

 

Nous avons déjà pris connaissance de certains faits miraculeux ou insolites autour de la personne de l'Envoyé antérieurement à la révélation. Ce sont des éléments qui, tout au plus, nous font pressentir qu'il n'était ni un enfant, ni un homme ordinaire mais ils demeurent insuffisants, pour que quiconque soit convaincu qu'Al-Amîn était un authentique envoyé de Dieu. C'est en le connaissant mieux, en tenant compte de ses déclarations et de son comportement depuis la première révélation que nous pourrons affiner notre opinion à son égard.

Étant donné que le Prophète déclarait que le Coran est un Rappel,

« Oui, ceci est certes dans les Feuilles anciennes, les Feuilles d'Abraham et de Moïse » (S.87, 18/19)

que lui-même était chargé de « rappeler » :

« Rappelle donc, si le Rappel doit profiter. » (S.87, 9)

Les Quraychites eurent des soupçons concernant la source d'inspiration d'Al-Amîn :

« Et ils disent : "Ce sont des contes d'anciens qu'il se fait écrire ! On les lui dicte matin et soir !" » (S.25, 5).

Comme il est indéniable que le Coran consacre de nombreux versets aux prophètes anciens86, relate pour certains leur histoire, parle de la résurrection des morts, du Jugement dernier, de l'Enfer, du Paradis, en un mot reprend des thèmes bibliques, rien d'étonnant que les détracteurs de l'Islam aient accusé ou accusent encore son prophète d'habile imposteur qui aurait forgé le Coran en s'inspirant de la Bible. Or, ce qui s'avèrerait relativement facile aujourd'hui, la Bible étant à portée de toutes mains, ne l'était pas forcément au VIIème siècle. Notre première tâche sera, par conséquent, de rechercher quelles auraient pu être les sources (ou la source) de l'instruction religieuse d'Al-Amîn.

I - INSTRUCTION RELIGIEUSE D'AL-AMIN

« Al-Amîn » avait-il lu la Bible ?

Nous venons d'apprendre dans le récit de la première révélation, que le Prophète ne savait pas lire. Le Coran confirme la Tradition :

« Dis-leur : "Ô hommes ! Je suis l'apôtre de Dieu envoyé vers vous tous ; De ce Dieu à qui les cieux et la terre appartiennent ; il n'y a point d'autre dieu que Lui ,. Il donne la vie et fait mourir. Croyez en Dieu et Son envoyé, le prophète illettré, qui croit, lui aussi, en Dieu et en Sa parole. Suivez-le, et vous serez dans le droit chemin." » (S.7, 156/157K/158)

« Le Seigneur dit : "Mon châtiment atteindra qui Je veux ; Ma miséricorde s'étend à toute chose ; Je l'inscris pour ceux qui Me craignent, pour ceux qui font l'aumône, pour ceux qui croient en Nos Signes, pour ceux qui suivent l'envoyé : le prophète qui ne sait ni lire ni écrire que ces gens-là trouvent mentionné chez eux dans la Thora et l'Évangile" » (S.7, 156/157)

« Tu ne récitais aucun Livre avant celui-ci ; tu n'en traçais aucun de ta main droite ; les imposteurs se livrent donc à des hypothèses. » (S.29, 48)

Toute personne informée de cet illettrisme commence par se demander : Comment quelqu'un qui ne savait ni lire ni écrire aurait-il pu écrire un livre en s'inspirant d'un autre, en l'occurrence la Bible, livre qu'il ne pouvait pas avoir lu du fait de son illettrisme ? On se rend immédiatement compte que c'est impossible.

Cet illettrisme m'a paru un élément capital et une preuve de l'authenticité de la mission du prophète. Si le Seigneur avait choisi un messager sachant lire et écrire, son éventuelle lecture 'des Écritures anciennes aurait desservi l'envoyé, certains pouvant dire qu'il aurait mis à profit cette lecture pour se créer un personnage et s'afficher comme prophète. En choisissant Son messager analphabète, le Tout Puissant coupa court à de telles suppositions :

« Les imposteurs se livrent donc à des hypothèses. » (S.29, 48)

Pourtant, malgré cela et en dépit de sa réputation d'homme honnête, Al-Amîn ne fut pas apprécié dans les premiers temps, autant qu'il aurait pu l'être. Sachant qu'il ne savait pas lire, les plus méfiants pensèrent qu'il se faisait aider par des lettrés. Le Coran rend compte de ces soupçons :

« Et Nous savons fort bien ce qu'ils disent : "Oui ! Quelqu'un l'enseigne, tout simplement ! " – 0r celui à qui ils l'imputent parle une langue étrangère, tandis que cette langue-ci est arabe, claire ! » (S.16, 103)

« Les mécréants disent : « Tout ceci 87 n'est qu'un mensonge qu'il (Muhammad) a inventé, et où d'autres gens l'ont aidé ». Or, ils commettent là une injustice et un mensonge. Et ils disent : « Ce sont des contes d'anciens qu'il se fait écrire ! On les lui dicte matin et soir ! » (S.25, 4/5)

Remarquons, parmi les accusations, qu'il n'est pas fait allusion à une lecture de la Bible. Les Quraychites savaient certainement qu'Al-Amîn n'était pas lettré. Par contre, ils l'accusent d'avoir reçu de l'aide. Qu'en penser ?

« Al-Amîn » a-t-il pu se faire aider ?

Avant de rechercher qui aurait pu l'aider à élaborer le Coran, sachons que personne n'a revendiqué une participation, même minime, à l'élaboration des versets. Aucune source historique ne cite de déclaration en ce sens. Notons par ailleurs, qu'il n'existait pas au VIIème siècle de Bible traduite en arabe. Qui aurait pu dans ces conditions lui « dicter » des récits de l'Ancien et du Nouveau Testament ? Al-Amîn aurait dû nécessairement connaître des juifs ou des chrétiens bilingues (arabe-grec, arabe-hébreu...) et connaisseurs des Textes Saints si tant est que ces textes circulaient facilement, ce qui n'était pas le cas. De plus, les juifs étaient surtout présents à Médine où ils formaient une communauté compacte et repliée sur elle-même. Quant aux chrétiens de Makkah, l'histoire nous apprend qu'ils exerçaient comme forgerons, poseurs de ventouses, brocanteurs, esclaves... Émigrés de divers pays d'origine, ils étaient peu instruits et non organisés en une communauté religieuse : Makkah ne connaissait ni église, ni prêtre. Le seul érudit connu dans l'entourage du Prophète était Waraqa Ibn Nawfal. Cependant, il était déjà vieux à la première révélation et il est inconcevable qu'il ait tenu un rôle d'inspirateur ou de maître, puisque la Révélation continua bien après sa mort", le Coran n'ayant pas été révélé en une seule fois mais sur une période s'étirant sur vingt trois ans. Au vu de certains récits particulièrement détaillés, notamment sur l'histoire de Moïse et Pharaon, sur Jésus et sa famille, celui qui veut s'entêter à trouver un ou plusieurs informateurs auprès du Prophète, serait contraint d'orienter ses recherches vers de fins connaisseurs des Écritures. Les plus à même de fournir des renseignements aussi pointus auraient été les rabbins, les prêtres ou les moines. Or, ceux-ci gardaient avec la plus grande dévotion les écrits bibliques et ne les divulguaient pas. Comment auraient-ils pu aider Muhammad à composer le Coran ? Dans quel but ? Il aurait été absurde que des représentants religieux, quels qu'ils soient, tout comme d'ailleurs n'importe quel juif ou chrétien instruit, aident quelqu'un qui se disait prophète et qui rejetait en partie leurs croyances, à édifier un livre présenté par lui comme la Parole divine intégrale, livre dénonçant les altérations contenues dans leur propre livre saint. Au nom de quoi ? Leur démarche aurait été contre toute logique.

 

Devant l'évidente constatation du manque d'érudits juifs ou chrétiens sur place à Makkah, on peut penser que des chrétiens, qu'il aurait pu rencontrer lors de ses rares voyages commerciaux avec Abû Tâlib ou lors d'expéditions pour le compte de Khadîja, l'auraient instruit oralement sur leurs croyances et leurs prophètes. En supposant que Muhammad ait pu obtenir quelques informations par leur canal, si tant est qu'il en ait fréquenté quelques uns suffisamment longtemps, un problème de sélection se serait posé. En effet, à cette époque, les Chrétiens étaient tellement divisés et il existait de si nombreuses sectes, que l'exercice aurait été plus que périlleux. Comment faire son choix entre des points de vues contradictoires pour qui veut obtenir quelque crédit ? De quel choix décider entre les Gnostiques, Nestoriens, Monophysites, Sabelliens, Eutychéens, Jacobites, Docètes, Mariamites, Antidic'Umariamites, Collyridiens, Nazaréens, Ebionites, Marcionites, Valentiniens"... qui se qualifiaient d'hérétiques les uns les autres, se livrant à des querelles sans fin. Les Monophysites affirmaient que Jésus était d'une seule nature par l'union en lui du divin et de l'humain, les Nestoriens qu'il coexistait en lui deux personnes, l'une divine, l'autre humaine, les Mariamites et les Collyridiens adoraient Marie, les Antidic'Umariamites niaient sa virginité perpé­tuelle ... Soit ! D'après un proverbe abyssin, les Chrétiens n'étaient absolument d'accord que sur un point : la naissance de Jésus".

 

A l'évidence, il aurait été bien plus simple et plus prudent à un imposteur averti, de s'inspirer des croyances païennes plus accessibles pour lui, dont il était déjà informé, et auxquelles ses concitoyens avaient totalement adhéré plutôt que de se présenter comme prophète, successeur du Christ, réformateur d'une religion qui était déjà bien écartelée. En repoussant avec véhémence la notion de Trinité, la crucifixion et la divinité du Christ, il ne pouvait que se mettre à dos les chrétiens. Même s'il défendait avec les juifs la notion d'un Dieu Unique et Un, il s'écartait d'eux en reconnaissant que Jésus était un prophète né de la Vierge Marie. Or, il rejetait également le polythéisme, ce qui ne pouvait que lui attirer la colère et la réprobation de ses compatriotes. En fin de compte, par ce qu'il affirmait, il ne pouvait qu'être contesté de tous côtés : des juifs, des chrétiens, des païens. Un homme, un tant soit peu au courant de toutes ces divergences, un tant soit peu futé, n'aurait jamais pris une voie autant bordée d'épines si cette voie ne lui avait pas été imposée par le Tout Puissant !

Finalement, si l'on accepte de considérer qu'il n'ait été informé par qui que ce soit, on ne peut raisonnablement soutenir non plus comme dernière hypothèse, qu'il aurait fait preuve d'une imagination plus que fertile ; Il n'aurait pu deviner sans coup férir les noms exacts des prophètes, inventer des évènements passés et réussir à ce qu'ils soient conformes avec les récits bibliques. On ne peut pas inventer l'Histoire !

(Nous ajoutons, Même lorsqu'il diverge avec les récits bibliques, l'histoire lui donne raison. Exemple : alors que la Bible et le Coran désignent tous les deux le souverain Egyptien du temps de Moïse par "Pharaon", dans sourate Youssof (Joseph), le Coran parle de Roi et non pas de Pharaon alors que l'histoire se passe en Egypte. La Bible le désigne par Pharaon (Livre de la Genèse, chapitres 39 à 50) sauf une seule fois elle utilise le mot "roi". Le Professeur J. Vercoutter dit : «mentionner "Pharaon" du temps de Joseph, est aussi anachronique que serait l'utilisation du mot "Elysée" pour désigner le roi de France au temps de Louis XIV» Encyclopaedia Universalis vol. 12 page 915 éd. 1973.)

*

Son illettrisme et la faiblesse des connaissances qui étaient logiquement les siennes sur le contenu de la Bible en regard de la multitude de récits détaillés dans le Coran relatifs aux prophètes qui l'ont précédé, nous exhortent à la déduction que l'enseignement qu'il reçut lui venait, non pas d'une ou plusieurs personnes, mais certainement du Très Haut.

Être convaincu de cela est suffisant pour croire en lui, en son authenticité de prophète. Seulement, comme plusieurs preuves valent mieux qu'une, continuons nos investigations. S'il avait été un imposteur il en aurait eu les traits.

 

II - AVAIT-IL LES CARACTÉRISTIQUES D'UN IMPOSTEUR ?

Je propose de passer au crible les traits les plus caractéristiques des prédicateurs imposteurs. Qu'ils soient d'hier ou d'aujourd'hui, tous ont une soif démesurée de richesses, de pouvoir, des ambitions qui ne servent que leur ego. Ils n'hésitent pas à se faire passer pour des surhommes omniscients... Certains ont échoué, d'autres se sont fabuleusement enrichis sur le dos de leurs adeptes. La question que nous allons par conséquent aborder en premier lieu sera :

Al-Amîn était-il un homme cupide ?

Pour satisfaire à cette interrogation, formulons- la en d'autres plus détaillées :

Aurait-il prêché dans le but de s'enrichir ?

Afin de répondre à cette question, informons- nous sur sa situation financière avant la première révélation.

Toutes les sources sur ce point sont unanimes : sa situation était plus que confortable, Khadîja représentant l'une des plus grandes fortunes de Makkah. En outre, depuis que le Prophète s'occupait de son commerce, grâce à sa « baraka*», les affaires étaient devenues encore plus florissantes.

A prime abord donc, l'argent ne semble pas avoir été la motivation première. Mais poursuivons.

Aurait-il voulu s'enrichir davantage ?

Le Prophète se confia un jour à Abû Dharr : « Posséder une quantité d'or identique à Uhud (une montagne près de Médine) ne me causerait aucune joie. Il m'arrive de passer trois jours sans posséder plus d'un dinar chez moi, sauf lorsque je garde de l'argent pour rembourser une dette, ou pour en faire distribuer aux serviteurs de Dieu, ici, là et là... »91.

D'après Ka`b Ibn Mâlik, il déclara : « Deux loups affamés, lâchés dans un troupeau ne sont pas plus nuisibles que l'amour de l'argent et de la gloire ne le sont pour la religion d'un homme »92 .

Souvenons-nous que Jésus avait fait une déclaration similaire : « Nul ne peut servir deux maîtres à la fois : ou bien il haïra l'un et aimera l'autre, ou bien il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent. » (Mt.6, 24)" . On retrouve cette idée dans la première épître à Timothée : « La racine de tous les maux, c'est l'amour de l'argent. Pour s'y être livrés, certains se sont emportés loin de la foi... » (1Tm.6, 10)

Son indifférence vis-à-vis de l'argent se confond avec celle qu'il nourrissait à l'égard de la vie dans ce monde. Ce détachement de l'un comme de l'autre illustre tout à fait sa logique de croyant, persuadé que la vraie vie se trouve au Paradis : « Il n'est de vie que celle de l'autre monde. »94

D'après Al-Mustawrid Ibn Chaddâd, l'Envoyé de Dieu disait : « En comparaison avec l'Au delà, ce monde est semblable à ce que l'un d'entre vous pourrait enlever à la mer après y avoir plongé le doigt. Qu'il considère donc ce qu'il en retire. » 95

« Les compagnons de l'Envoyé, mentionnèrent ce monde en sa présence. L'Envoyé leur enjoignit alors : « Écoutez donc ! Écoutez donc ! Le mépris de ce monde est un aspect de la foi ! Le mépris de ce monde est un aspect de la foi ! (il entendait par là l'ascèse). »96

Selon `Abdallâh Ibn Mas'ild, l'Envoyé de Dieu s'endormit sur une natte et lorsqu'il se leva, il en portait la trace sur le côté. Des compagnons lui proposèrent de lui apporter une meilleure couche. Il répondit : « Qu'ai-je à faire de ce monde ? Je suis en ce monde comme un cavalier qui a pris du repos sous un arbre ombragé, puis s'en est allé, l'abandonnant derrière lui »97

Tous ces récits montrent un réel désintérêt pour l'argent, la vie et les biens d'ici bas. Selon toutes apparences, un tel homme n'était pas cupide.

Toutefois, et pour nous en assurer, les actes n'étant pas toujours à la hauteur des bonnes paroles, vérifions quel était son train de vie.

Vécut-il dans l'aisance, la luxure ?

Je n'ai pas trouvé de hadiths qui permettent de supposer que le Prophète vivait dans l'aisance. Bien au contraire, tous témoignent d'une vie frugale.

Sa demeure à Médine était une simple chaumière de pisé". Il conseillait d'ailleurs aux musulmans : « Ne choisissez pas de demeures trop confortables, car cela susciterait en vous un penchant pour ce monde. »"

A propos de sa nourriture, `Â'icha atteste que "la famille de Muhammad — sur lui la grâce et la paix — ne s'est jamais rassasiée de pain d'orge jusqu'à la mort du Prophète 100. Il leur arrivait, disait-elle, de passer fréquemment deux mois sans allumer de feu (pour la cuisson). Ils se nourrissaient alors, surtout d'eau et de dattes'''.

Un jour Anas* apprit que le Prophète avait donné en gage son armure contre de l'orge. Il décida donc de se rendre chez l'Envoyé muni d'un pain d'orge et de graisse rance. Il l'entendit dire : « Jamais la maison de Muhammad ne s'est réveillée en ayant chez elle une mesure d'orge. Et jamais elle ne s'est endormie en ayant chez elle une mesure d'orge. Et cependant, elle était constituée de neuf familles. »102

Ces récits suffisent à nous prouver que le Prophète et les siens vivaient au jour le jour. Jusqu'à sa mort d'ailleurs, il en fut ainsi. `Â'icha raconte : « Lorsque le Prophète - sur lui la grâce et la paix - mourut, son armure était en gage chez un juif pour trente mesures de blé. »103

Concernant son habillement, même sobriété. Il portait d'ordinaire des vêtements de laine grossière, parfois feutrée.104 C'est l'un deux qu'il portait le jour de sa mort comme nous le rapporta Abû Mûsâ al-Achearî : « `Â'icha leur montra un vêtement et un izâr en tissu grossier et leur dit : « C'est dans ces habits que mourut l'Envoyé de Dieu. »105

Humble demeure, nourriture frugale, vêtements rustres, voilà donc dans quelles conditions vivait le Prophète de l'Islam. Il était loin du confort et de l'aisance que nous connaissons chez les dirigeants de sectes et encore plus loin de ceux qu'on imagine pour un chef d'État, bien qu'il en fut aussi un.

Nous pourrions en rester là, tant il est évident qu'Al-Amîn n'était pas un homme cupide. Toutefois, examinons un dernier point relatif à sa situation financière. Demandons-nous, s'il avait tenté de récolter des fonds, de s'enrichir d'une manière ou d'une autre.

Obligea-t-il les musulmans
à lui verser un salaire,
une contribution quelconque ?

Concernant le salaire, la révélation est sans équivoque :

« Dis-leur : "Je ne vous demande point de salaire pour le Coran : il n'est qu'une instruction pour l'univers " » (S6, 90K)

« Dis : "De cela 106, je ne vous demande pas de salaire ; et je ne suis pas de ceux qui' cherchent à s'imposer"» (S.38, 86)

« Dis-leur : "Je ne vous demande pas de salaire, gardez-le pour vous. Mon salaire n'est qu'à la charge de Dieu..." » (S.34, 46K/47)

En outre, le Coran met en garde contre les faux prophètes qui soutirent de l'argent aux fidèles tandis que ces derniers ont tendance à se méfier des authentiques envoyés :

« Et du bout de la ville un homme vint en courant, disant : "Ô mon peuple, suivez les Envoyés : suivez ceux qui ne vous demandent pas de salaire, tandis qu'ils se guident bien 107"» (S.36, 20/21)

et le Livre informe que tous les envoyés précédents ont toujours refusé un salaire pour les révélations qu'ils transmettaient aux hommes :

« Et je ne vous en demande pas de salaire : mon salaire n'incombe qu'au Seigneur des Mondes »108


Le Prophète en refusant toute rétribution pour les enseignements qu'il dispensait est à l'image de ses prédécesseurs.

Sollicitait-il les fidèles d'une autre manière ?

Nous apprenons qu'à Makkah, il exhorta les musulmans au versement d'une aumône : la zakat*, qui fut transformée, dans la Cité-État de Médine en un impôt obligatoire. Notons, que du temps du Prophète, il n'existait pas d'autre taxe prélevée par le gouvernement sur les sujets musulmans 109. La zakat était redistribuée sous les directives du Prophète conformément à la liste des bénéficiaires donnée par le Coran dans la sourate 9, verset 60 :

« Rien d'autre, en vérité : les recettes d'état 110 sont pour les besogneux, et pour les pauvres 111, et pour ceux qui y travaillent 112, et pour ceux dont les coeurs sont à gagner 113 , et pour l'affranchissement des jougs 114, et pour ceux qui sont lourdement endetté 115, et dans le sentier de Dieu 116, et pour l'enfant de la route 117. Arrêté de Dieu ! Et Dieu est savant, sage. »


Ce qu'il est important de retenir dans le cadre de nos investigations, c'est que le Prophète n'était nullement attributaire de cette zakat : il avait, en effet, expressément enjoint aux musulmans de ne la verser, ni à lui, ni à sa famille, ni à ses descendants, ni à tous ceux de son clan (les Beni Hâchim) ni même aux Beni Al-Muttalib, tribu alliée de longue date'. Par contre, comme tout musulman, ils avaient le devoir de la payer si leurs biens dépassaient un plafond qu'il avait fixé'''. Nous constatons par cette mesure, d'une part que le Prophète ne faisait pas figure de privilégié par rapport aux devoirs religieux qu'il imposait aux musulmans et d'autre part que la zakat ne fut pas instituée afin que lui et ses proches parents s'enrichissent. Au vu des bénéficiaires, elle est à considérer comme un fonds social de solidarité. Elle constitue de plus, un élément de purification et une élévation pour celui qui la verse. Elle réduit l'égoïsme qui existe en chacun de nous par une participation financière destinée à faciliter le sort de ceux qui sont en difficulté qu'ils soient musulmans ou pas.

Devant le désintéressement d'Al-Amîn pour le matériel, demandons-nous si son engagement visait d'autres desseins.

Aspirait-il à des ambitions politiques, honorifiques ?

Les biographes du Prophète rapportent que dans les débuts de la prédication publique et suite à la révélation du verset :

« Vous serez vraiment, vous et ce120 que vous adorez en dehors de Dieu, le combustible de la Géhenne. Vous y arrivez...» (S.21, 98),

les notables se rendirent chez Abû Tâlib et en proférant des menaces, lui ordonnèrent de demander à son neveu de ne pas insulter leurs dieux. Abû Tâlib lui transmit les exigences et les menaces, lui recommanda de ne pas ridiculiser leurs idoles et lui fit remarquer qu'une telle attitude profiterait à l'Islam. Le Prophète répondit : « Ô mon oncle, c'est Dieu qui me l'ordonne ainsi. S'ils mettaient dans ma main droite le soleil et dans ma main gauche la lune, et s'ils me brûlaient par le feu, je ne retrancherais pas une lettre de ce que Dieu ordonne, et je ne dirais ni plus ni moins. »121

Devant cet échec, les notables changèrent de tactique122. Ils déléguèrent un émissaire, en la personne modérée de `Utba Ibn Rabî`a, qui demanda au Messager quels étaient ses desseins. Voulait-il s'enrichir ? Ils lui procureraient de l'argent afin qu'il soit le plus riche d'entre eux. Désirait-il les honneurs ? Nulle décision ne serait prise sans son accord. Aspirait-il à la royauté ? Ils le placeraient à la tête du gouvernement. Se sentait-il malade, possédé par quelque démon ? Ils lui chercheraient les meilleurs médecins du corps et de l'esprit. Le marché serait conclu à la seule condition qu'il cessa de dire que leurs divinités ainsi que ceux qui les adoraient ou les ancêtres qui les avaient adorées seraient la proie de l'Enfer.

Al-Amîn, nullement intéressé par toutes ces propositions visant un bonheur matériel ici-bas, se contenta, en guise de réponse, de réciter les pre­miers versets de la sourate 41 : Les versets détail­lés.

«Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Hâ, Mîm123. [C'est] une Révélation descendue de la part du Tout Miséricordieux, du Très miséricordieux. Un Livre dont les versets sont détaillés (et clairement exposés), un Coran [lecture] arabe pour des gens qui savent, annonciateur [d'une bonne nouvelle] et avertisseur. Mais la plupart d'entre eux se détournent ; c'est qu'ils n'entendent pas. Et ils dirent : "Nos cœurs sont voilés contre ce à quoi tu nous appelles, nos oreilles sont sourdes. Et entre nous et toi, il y a une cloison. Agis donc de ton côté ; nous agissons du nôtre". Dis : "Je ne suis qu'un homme comme vous. Il m'a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique. Cherchez le droit chemin vers Lui et implorez Son pardon". Et malheur aux Associateurs qui n'acquittent pas la zakat et ne croient pas en l'au-delà ! Ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres auront une énorme récompense jamais interrompue. Dis : "Renierez-vous [l'existence de] celui qui a créé la terre en deux jours, et Lui donnerez-vous des égaux ? Tel est le Seigneur de l'univers"» (S.41, 1/9)

Le Prophète continua la récitation jusqu'à atteindre le verset 38 après lequel il se prosterna, puis il dit : « Tu as entendu, Ô Abû al-Walîd, ce que tu as entendu. C'est à toi maintenant de prendre parti. »

Quand `Utba revint auprès des chefs Quraychites, il leur conseilla de laisser Al-Amîn tranquille, précisant que ce dernier lui avait récité des versets et qu'il n'avait jamais entendu rien de pareil. « Je jure par Dieu que ce n'est pas de la poésie, ni de la magie, ni de la divination... » Constatant qu'il était troublé, ils l'écartèrent en s'exclamant : « Il t'a ensorcelé avec ses paroles ! ». Ils décidèrent alors de convoquer directement le Prophète. Devant les mêmes propositions, celui-ci rétorqua : « Il n'y a pas en moi ce que vous dites (ou je ne suis pas atteint de ce que vous dites). Ce que j'ai apporté pour vous, je ne l'ai pas apporté pour obtenir votre argent, ni l'honneur parmi vous, ni la royauté sur vous. Mais Dieu m'a envoyé à vous comme apôtre, a fait descendre sur moi un livre, et m'a ordonné d'être pour vous un porteur de bonnes nouvelles et un avertisseur. Je vous ai communiqué le message dont m'a chargé mon Seigneur et je vous ai donné de bons conseils. Si vous acceptez de moi ce que je vous ai apporté, ce sera votre chance dans ce monde et dans l'au-delà. Si vous le rejetez, je me soumettrai à l'ordre de Dieu, jusqu'à ce qu'Il arbitre entre vous et moi. »124

Ce récit résume bien l'abnégation d'Al-Amîn et sa détermination pour sa mission. Il n'était absolument pas cupide, ne convoitait ni le pouvoir, ni les honneurs. A l'instar de tous les prophètes, ses aspirations n'étaient ni pécuniaires, ni politiques, ni honorifiques.

Poussons à présent plus loin nos investigations en prenant en compte une autre caractéristique des sectateurs. Je veux parler de faux semblants, de simulations d'extase au cours desquelles, l'inspiré est soi-disant, en communication avec la divinité.

Peut-on parler de mises en scènes,
de simulations dans le cas d'Al-Amîn ?

Ses compagnons témoignent : « Quand la révélation lui venait, nous entendions près de lui un bourdonnement comme le bourdonnement des abeilles. »125; « J'ai vu la révélation lui venir alors qu'il était sur sa chamelle et celle-ci mugissait et se tordait les jambes de telle sorte que je craignais qu'elles se rompent. Parfois, elle s'asseyait, et parfois elle restait debout, les jambes figées comme des pieux, jusqu'à la cessation de cet état, et cela à cause du poids de la révélation ; et alors, la transpiration lui traînait en perles. »126 ; « Un jour que la révélation était sur le point d'arriver, il rentra sa tête (dans son manteau ?) et voilà que le visage du Prophète était devenu rouge et il ronflait ; puis cet état s'en alla. » 127

`Â'icha, fille d'Abû Bakr* raconta : « Je le vis recevoir la Révélation dans une journée glaciale ; lorsqu'elle (la révélation) le quittait, il transpirait et la sueur coulait de son front. »128

Zayd Ibn Thâbit, l'un de ses secrétaires, dit qu'un jour il se trouvait auprès de lui pour la prière commune. A cause de l'affluence dans la salle « son genou se trouvait sur ma cuisse et (quand l'état de révélation le saisit) il pesait si lourd que je craignis que mon fémur ne se rompe. » 129

Nous savons qu'après la première révélation, le Prophète fut épouvanté, se crut envoûté par un démon, pensa qu'il devenait fou'" et courut chez Khadîja qui le rassura par des paroles bienveillantes. Les incrédules peuvent émettre l'hypothèse que le Prophète simulait ces états d'extase ; mais soyons sérieux. Si des tremblements peuvent être simulés, en est-il de même de la transpiration, de la lourdeur du corps au point que la monture plie les genoux ? Ces phénomènes sont indépendants de la volonté humaine. De plus, concevrait-on que lui, l'homme sincère et honnête ait pu jouer la comédie jusque devant sa famille, ses amis ? Ce serait d'autant plus insensé qu'il se soumit aux lois qu'il dictait et qu'il incita ses propres enfants à suivre son exemple. Si Muhammad avait été un imposteur, les premiers dupes dans cette affaire auraient été lui-même et sa propre famille et l'is­lam ne serait pas aujourd'hui la deuxième religion du monde. Les gens peuvent être bernés mais pas pour longtemps, le mensonge n'ayant jamais, comme disait Lamartine, la puissance de la Vérité.

La quatrième caractéristique des sectateurs que j'ai retenue pour cette étude, est le fait qu'ils présentent en général un livre, conçu à l'avance, dans lequel se trouvent les idées maîtresses de leur doctrine.

Al-Amîn prépara-t-il le Livre à l'avance ?

Le livre saint des musulmans, le Coran, ne fut pas présenté par le Prophète tel quel. Il fut révélé de façon fragmentaire, sur une période qui s'étendit de 609/610 à 632.

On pourrait objecter que justement Al-Amîn prit tout son temps pour élaborer le Livre, ayant tout loisir pour se faire aider, se renseigner auprès d'érudits tout au long de ces vingt trois années.

Nous avons déjà vu combien il aurait été absurde que des érudits juifs ou chrétiens l'aident dans cette tâche et combien il était difficile de trouver des connaisseurs des Écritures en Arabie.

De plus, dès que le Prophète commença son apostolat, il fut suivi, pourrait-on dire, « à la torche » : la communauté attacha de l'importance à ses moindres faits et gestes. On savait qui il rencontrait, quelles étaient ses fréquentations. L'histoire parle d'une entrevue avec des savants juifs qui vinrent le tester sur leur religion. Ils lui posèrent des questions auxquelles seul un théologien ou un prophète pouvait répondre, le théologien parce qu'il a appris, le prophète parce que Dieu l'inspire. Or, ces érudits juifs eurent, tout comme Bahîra, un rôle d'interrogateurs et non d'informateurs.

Quant à la Révélation, elle se faisait à tout moment et en tous lieux : lorsqu'il était seul ou en présence d'un proche, chez lui, dans une conversation publique, au cours d'un voyage ou sur le champ de bataille... Les versets étaient parfois révélés pour un problème donné auquel il fallait apporter immédiatement une solution. Les situations étant aléatoires, imprévisibles, il serait insensé de croire que les paroles aient pu être calculées à l'avance. Tout dans la révélation est spontanéité. Si l'on se rappelle tout le soin que le Prophète prenait afin que ni un mot, ni un iota n’en soit modifié - versets appris par cœur, récitation vérifiée par ses soins, écriture - on réalise combien il était important pour lui qu'elle ne subisse pas la moindre altération. Un imposteur se serait vite rendu compte que, par l'exigence du « par cœur », il ne se facilitait pas la tâche et qu'il aurait été certes plus aisé qu'il choisisse de s'exprimer de manière ordinaire. Or, les versets devaient être répétés tels quels sans la moindre modification. Aussi à la demande des Quraych :

« Apporte-nous quelque autre livre ou bien change un peu celui-ci... » (S.10, 16K/15)

le Prophète rétorqua :

« Il ne me convient pas de le changer de mon propre chef : je sais ce qui m'a été révélé. Je crains, si je désobéis, le châtiment de mon Seigneur au jour terrible.» (S.10, 16K/15)

Un faux prophète n'aurait jamais répliqué ainsi. Il aurait, au contraire, saisi l'occasion de changer quelques mots, par ci, par là, pour calmer les esprits et diminuer le nombre des opposants. Est-il pensable qu'un imposteur se soit inventé un texte pour s'imposer ensuite de le réciter à la lettre ? Pourquoi cette difficulté supplémentaire alors qu'il est si facile de parler comme tout un chacun ? Pourquoi exiger ensuite le par cœur ? Cela aurait pu soulever des polémiques car si les versets n'avaient pas été de manière indélébile inscrits dans la mémoire du maître, comment aurait-il pu corriger ses disciples ? Des discussions auraient éclaté lors des contrôles et la crédibilité de l'enseignant remise en question. Un imposteur n'aurait, pour cette raison, jamais choisi une méthode aussi difficile et risquée, une méthode où il aurait pu être facilement contesté. Cette démarche ne pouvait aucunement relever de sa propre initiative. C'est ainsi, que nous comprenons que le Prophète n'avait pas de message personnel à faire passer mais qu'il véhiculait le Message du Maître des Mondes et le transmettait comme Celui-ci voulait qu'il fût transmis. De plus, ce prodige de transmission, au mot près, à la lettre près, tient du miracle et l'on décèle là, l'intervention du Tout Puissant. Enfin, un imposteur qui aurait voulu se présenter comme le successeur du Christ, en l'absence d'éducation chrétienne, comme c'était le cas d'Al-Amîn, aurait préparé ses textes, se serait informé auprès de juifs ou de chrétiens, ce qui aurait annihilé toute spontanéité et d'une manière ou d'une autre, il aurait été démasqué.

Tout le soin que le Prophète de l'Islam prenait pour que la Parole soit transmise sans la moindre altération, sa volonté de ne rien en changer malgré les suggestions des incrédules, sont révélateurs de l'importance qu'il accordait au Message et de la connaissance qu'il avait de son Auteur. Nous réalisons ainsi qu'il ne peut s'agir là d'un message ordinaire mais d'un message de la plus haute importance, un message qu'Al-Amîn voulut conserver intact pour le présent et l'avenir, afin que toutes les générations parmi tous les peuples, puissent le lire, l'étudier et « inchâ'allâh », être convaincus de sa conception divine.

Les accusations d'imposture à l'encontre d'Al-­Amîn ne relèvent d'aucun fondement sérieux. Si l'on considère la fortune qu'il possédait avant la première révélation, son mode de vie frugal, voire ascétique, son indifférence vis à vis des biens de ce monde, sa situation financière à sa mort, on ne trouve rien qui permette de conclure qu'Al-Amin était motivé par un espoir d'enrichissement personnel, ni même qu'il s'est enrichi. Son attitude, devant le conseil de prudence d'Abû Tâlib, montre clairement son rôle de transmetteur, sinon que lui aurait-il coûté de faire des concessions sur les points les plus épineux, les plus dérangeants, si le Message avait été sien ? Ses réactions aux diverses propositions des incrédules, illustrent son manque d'intérêt pour des aspirations auxquelles un imposteur prétend. Les états seconds qui le prenaient à l'improviste ne ressemblaient en rien à de la comédie. L'importance qu'il accordait à la transmission exacte du Message montre qu'il avait conscience de sa valeur comme le Seigneur le lui rappela :

« Dis-leur : "Le message est un message grave. Et vous dédaignez de l'entendre ! " » (S38, 67/68K)

Nous avons fait le tour des personnes qui auraient pu « aider » le prophète illettré à composer le Coran. Nous venons de passer au crible les traits les plus typiques des faux prophètes. Demandons-nous à présent si Al-Amîn était à l'image des messagers du Très Haut.

IIIAVAIT-IL LES QUALITÉS
D'UN PROPHÈTE ?

Les prophètes se distinguent des hommes ordinaires par de nombreuses qualités, par le don de recevoir la Parole et de la communiquer aux hommes, parfois par celui d'annoncer des évènements futurs ou par le don d'accomplir des miracles.

Parmi leurs qualités, trois sont typiques : la piété, l'humilité, la charité. Le Prophète de l'Islam les possédait-il ?

 

Al-Amîn était-il pieux ?

Il est très connu que le Prophète jeûnait en dehors du mois de ramadan. De plus, et malgré toutes ses responsabilités, il se réservait dans la journée des moments pour accomplir des prières surérogatoires. Il se levait même la nuit, respectant la volonté du Seigneur à ce sujet :

« Ô prophète enveloppé de ton manteau ! Lève-toi pour prier pendant la nuit presque entière, ou pendant la moitié de la nuit, ou bien un peu moins, ou bien un peu plus, et psalmodie le Coran. » (S.73, 1/4K)

« En vérité, c'est Nous qui avons fait descendre sur toi le Coran graduellement. Endure donc ce que ton Seigneur a décrété, et n'obéis ni au pécheur, parmi eux, ni au grand mécréant. Et invoque le nom de ton Seigneur, matin et après-midi ; et prosterne- toi devant Lui une partie de la nuit ; et glorifie-Le de longues [heures] pendant la nuit. » (S.76, 23/26)

`Â'icha raconte qu'il passait ses nuits en prières, au point que ses plantes de pieds se crevassaient. Elle lui demanda : « Pourquoi agir ainsi, Ô Envoyé de Dieu, alors que Dieu t'a pardonné tes péchés antérieurs et tes péchés à venir ? » Il répondit : « Pourquoi ne pas me montrer un serviteur reconnaissant ? »131

Si le Prophète recommandait aux musulmans la piété, il n'incitait pas ses compagnons à faire autant que lui, lui étant prophète, les autres ne l'étant pas. Plusieurs hadiths rapportés par Al­Bukhârî et Muslim montrent qu'il les exhortait plutôt à la modération.

Ibn Mas`ûd témoigne de ses avertissements : « Ceux qui montrent un excès de zèle courent à leur perte » et il le répéta trois fois'.

D'après Abû Hurayra*, le Prophète déclara : « Cette religion est aisée à pratiquer ; cependant quiconque fait montre d'un zèle excessif en matière de religion sera vaincu par cette religion. Faites donc preuve de modération, contentez-vous de tendre (vers la perfection sans avoir la prétention de jamais l'atteindre) et réjouissez-vous (des récompenses qui vous seront accordées pour vos œuvres). Puis pour vous livrer à vos exercices de piété, choisissez de préférence le matin, le soir et la fin de la nuit. »133

 

Rappelons-nous aussi que l'Élu de Dieu avait pris l'habitude de se retirer chaque année sur le mont Hirâ', pratique qu'il continua pendant son apostolat. Cette aspiration grandissante, étrangère au paganisme, à vouloir se couper du monde régulièrement et celle de se lever pour prier de longues heures dans la nuit, n'est-elle pas une preuve de sa piété et de son détachement de la vie d'ici-bas ? Grâce à son exemple, prenons conscience que cette vie n'est que passagère alors que la vie éternelle commence, pour les croyants, après la mort comme l'exprime ce verset :

« Et la présente vie n'est que jeu et amusement. Meilleure, la Demeure dernière pour ceux qui se comportent en piété. Eh bien ne comprenez-vous pas ? » (S.6, 32)

Al-Amîn était-il humble ?

La réponse est sans équivoque : de toutes voix, le Prophète de l'Islam était simple tant dans sa vie privée, ses effets personnels que dans ses rapports avec les gens.

Abû Sa`îd al-Khudrî raconte : « Le Saint Prophète donnait lui-même à manger à ses chameaux, partageait les corvées de la maison, réparait ses souliers, raccommodait ses vêtements, faisait la traite de ses chèvres. Il mangeait en compagnie des serviteurs et si l'un d'entre eux était fatigué à moudre la farine, il lui donnait un coup de main. Il ne se sentait pas amoindri s'il avait à transporter ses marchandises du marché. Il donnait la main aux riches comme aux pauvres et était toujours le premier à saluer. Il soulageait ceux qui peinaient. De caractère, il était doux, humble non obséquieux ; généreux, non extravagant... »'"

Cette trop grande simplicité écarta nombre de notables, imbus et suffisants, qui ne crurent pas que Dieu ait pu choisir comme Messager, un homme si peu fier qu'il ne dédaignait pas de se mêler aux plus indigents :

« Quoi ! C'est sur lui, parmi nous, qu'on aurait fait descendre le Rappel ?... » (S.38, 8)

« Et quand ils' te voient, ils ne te prennent que pour objet de railleries : "C'est ça, que Dieu a suscité comme messager ?"» (S.25, 41)

« Et ils disent : "Pourquoi n'a-t-on pas fait descendre ce Coran sur un haut personnage de l'une des deux cités"? "» (S.43, 31)

A aucun moment, le Prophète ne voulut se faire passer pour un surhomme omniscient ou ayant des pouvoirs surnaturels comme le proclament beaucoup d'imposteurs :

« Dis-leur : "Je n'ai aucun pouvoir soit de me procurer ce qui m'est utile, soit d'éloigner ce qui m'est nuisible, qu'autant que Dieu le veut. Si je connaissais les choses cachées, je deviendrai riche, et aucun malheur ne pourrait m'atteindre. Mais je ne suis qu'un homme chargé d'annoncer des promesses et d'avertir le peuple des croyants" » (S.7, 187K/188)

« Dis .. "Je ne vous dis pas que j'ai chez moi les trésors de Dieu, ni que je connais l'invisible ; je ne vous dis pas que je suis un ange : je ne fais que suivre ce qui m'est révélé."... » (S.6, 50)

« ... - Dis : "Pureté à mon Seigneur ! Que suis-je, qu'un homme, un messager ?" » (S.17, 93)

« - Dis .. "Rien d'autre, en vérité : je suis un homme comme vous. Il m'a été révélé que, rien d'autre : votre Dieu est un Dieu unique ..." » (S.41, 6)

Cette nature uniquement humaine, il la revendiqua pendant toute la durée de son apostolat, insistant sur le fait qu'il n'avait aucun pouvoir personnel et ne pouvait que s'en remettre à Dieu, répétant autant de fois que nécessaire, que seul, le Créateur méritait adoration :

« La meilleure façon de se souvenir de Dieu est de proclamer qu'il n'y a personne digne d'être adoré sauf  Dieu ; et la meilleure façon de prier est de déclarer que toutes les louanges sont dues à Dieu. »137

Il était si humble qu'il refusait les révérences ou les honneurs que les gens accordent d'ordinaire aux rois ou aux personnes haut placées : Abû Hurayra accompagna un jour le Prophète au marché et ce dernier y acheta des pantalons. Le vendeur voulut lui baiser la main mais le Prophète la retira vivement : « C'est un acte que les non-arabes font vis-à-vis de leurs rois, je ne suis pas roi, je suis l'un de vous... »138 ; Abû Umâma raconta qu'un jour l'Envoyé vint vers ses compagnons s'appuyant sur une canne. Ils se levèrent pour l'accueillir mais le Prophète leur dit : « Ne vous levez pas à l'instar des non-arabes qui se glorifient les uns les autres ; je ne suis qu'un esclave, je mange comme un esclave et je m'assois comme un esclave. »139

La troisième qualité que possède incontestablement tout envoyé de Dieu est la charité.

Al-Amin était-il charitable ?

Pour nous faire une idée de cette qualité chez le Prophète de l'Islam, rappelons-nous son comportement avant la révélation : Il proposa à Abû Tâlib, dans la gêne financière, de le soulager en prenant `Alî à sa charge ; Il adopta Zayd Ibn Hâritha comme son fils précisant que ce dernier ferait parti de ses héritiers. Nous avons appris qu'après la révélation, s'il gardait de l'argent c'était pour rembourser une dette ou en distribuer aux indigents.140 Les témoignages ne manquent pas :
Jabîr affirme : « Jamais le Prophète, sur lui la grâce et la paix, n'opposait de refus aux demandes qu'on lui adressait »141
`Abdullâh Ibn Abû Awfâ assure que : « Le Saint prophète ne méprisa jamais personne ; il n'évita jamais la compagnie des veuves et des indigents ; au contraire, il recherchait toutes les occasions de les aider. »142
D'après Abû Hurayra : « Les Gens du Suffa* étaient les hôtes de l'Islam. Quand le Prophète recevait une aumône, il la leur faisait distribuer sans rien prendre pour lui. Et quand il recevait un cadeau, il le leur envoyait après en avoir pris une partie, les faisant ainsi participer aux largesses dont il était le bénéficiaire. » 143
Anas raconte qu'un homme à qui le Prophète avait fait largesses, revint dans sa tribu et dit : « Devenez musulmans, car Muhammad distribue ses largesses comme un homme qui ne craint pas la pauvreté »144
En effet, Al-Amîn ne se faisait aucun souci pour ses besoins du lendemain, persuadé que Dieu y pourvoirait :

« ...Dieu cependant est le meilleur des pourvoyeurs » (S.62, 11)

C'est la même confiance dans le Seigneur que l'on retrouve chez tous les envoyés et chez les personnes pieuses. Rappelez-vous ce conseil de Jésus à ses disciples : « Voilà pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. Car la vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Observez les corbeaux : ils ne sèment pas ni ne moissonnent, ils n'ont ni cellier ni grenier, et Dieu les nourrit. Combien plus valez-vous que les oiseaux ! » » (Lc.12, 22/24)145

`Â'icha rapporte qu'une brebis avait été égorgée et que le Prophète demanda : « Qu'en reste-t- il ? Elle lui répondit : «Il n'en reste que l'épaule ». Mais le Prophète la reprit : « En réalité, il ne manque que l'épaule » voulant dire par là que seule l'épaule qui n'avait pas été distribuée en aumône ne leur sera pas rétribuée par le Tout Puissant'', puisqu'Il récompense toujours une bonne action.

Charitable, Al-Amîn le fut jusqu'à son dernier jour. 'Amr Ibn al-Hârith nous raconte : « A sa mort, l'Envoyé de Dieu- sur lui la grâce et la paix - ne laissa ni dinar, ni dirham, ni esclave homme ou femme. Les seules choses qu'il laissa furent la mule blanche qu'il avait coutume de monter, ses armes et une terre qu'il laissa en aumône à la disposition des voyageurs. »146

Ainsi, au delà de la mort, on peut dire qu'il continua de faire la charité grâce à cette terre qu'il avait réservée pour le campement des gens de passage.

Les témoignages de sa famille, de ses proches, nous donnent une idée plus précise de la personnalité d'Al-Amîn. Il était incontestablement à l'image des prophètes qui l'ont précédé. Comme eux, c'était un homme humble, simple, absolument dénué de la fierté due à son rang ou à sa noble descendance. Comme eux, il était pieux, charitable avec cette attitude de charité, d'indifférence vis-à-vis des biens de ce monde, caractéristique des authentiques envoyés du Seigneur. Il n'avait vraiment rien de commun avec ces faux- prophètes contre lesquels nous avons été mis en garde dans la Bible : « Gardez-vous des faux-prophètes... C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. Cueille-t-on des raisins sur un buisson d'épines, ou des figues sur des chardons ? Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits, mais l'arbre malade produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits ni un arbre malade porter de bons fruits.» (Mt.7, 15/18)148

Outre ces trois qualités typiques, le Seigneur a doté Ses envoyés de dons. Parfois ils annoncent l'avenir'', parfois aussi ils accomplissent des miracles. La Tradition mentionne quelques miracles que le Tout Puissant accorda au Prophète.


 

Lire : Signes antérieurs à la Révélation

 

A- Tiré du livre "Le prophète de l'islam : Envoyé de Dieu ou Imposteur" de Claude COULIBALY

 

 

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